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Les Etablissements Schneider

Economie sociale

Les écoles

Après un historique du Creusot de 1253 à 1912, cet ouvrage (non signé) présente les "bienfaits" apportés par les Schneider à la population du Creusot. Véritable bible du paternalisme, on ne pourra réellement apprécier son contenu qu'en faisant un rapprochement avec le livre de Jean-Baptiste DUMAY : Un fief capitaliste.

Documents et textes d'après
"Les Etablissements Schneider - Economie Sociale"
1912 - Lahure Ed.

Economie Sociale

LES ECOLES


MM. Schneider se sont toujours préoccupés d'assurer aux enfants de leurs ouvriers et de leurs employés une instruction solide, appropriée aux perspectives d'avenir s'ouvrant devant eux, d'après leur intelligence et leur travail; successivement ils ont fondé ou subventionné des Asiles, des Écoles de garçons et des Écoles de filles, au Creusot et dans leurs autres mines et usines.
Au Creusot, où le champ d'action est le plus vaste, l'organisation scolaire, par l'étendue et la diversité des programmes, a pris une importance particulière, cherchant à résoudre la question si importante de la formation professionnelle.
Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, des écoles existent pour les enfants des hameaux agglomérés autour des « Charbonnières » du Creusot. D'anciens documents attestent qu'en 1787, ils fréquentent celles de Montcenis et du Breuil.
Après la Révolution, les recensements de 1800 et 1807 indiquent, dans la commune même, récemment créée, du Creusot, la présence d'instituteurs et d'une institutrice. C'est, toutefois, à partir de 1828 seulement que s'ouvrent des écoles un peu prospères; elles sont, d'ailleurs, fort insuffisantes et l'Annuaire de Saône-et-Loire, de 1836, constate que, pour une population de 3117 habitants, plus de 300 enfants des deux sexes restent sans instruction au Creusot.
A cette époque, MM. Schneider transforment complètement la situation. Nous extrayons le passage suivant, relatif à l'enseignement, d'un Règlement publié au début de 1838 :
MM. Schneider Frères, propriétaires des Usines du Creusot, voulant témoigner aux ouvriers attachés à leur Établissement toute leur sollicitude pour leur bien-être et celui de leur famille, ont résolu de fonder: 1° une caisse de prévoyance; 2° une école primaire pour les enfants et une école supérieure pour les jeunes gens, appropriées aux différentes industries de l'Établissement ..... Ils promettent d'établir ultérieurement une école pour les filles.
Ils se chargent d'établir et fournir les locaux nécessaires a ces écoles, le logement des instituteurs et institutrices et le chauffage. Les dépenses générales des écoles seront couvertes moitié par les fonds de la caisse de prévoyance, le surplus par les rétributions individuelles.

L'ancien groupe spécial

Le Conseil pourra réduire le prix de cette rétribution pour ceux des enfants qui se distingueront par leur travail, ou ceux dont la famille aurait besoin de cette faveur. En aucun cas cette réduction ne pourra être accordée qu'au 1/4 au plus du nombre des enfants admis à récole. Les enfants et les jeunes gens dont les parents ne seront pas attachés à l'Établissement pourront être admis dans les écoles, en payant le double de la rétribution.
La rétribution est fixée, pour 1838, à 0 fr. 75 par mois et par sujet admis à l’école.
Les enfants des femmes veuves pensionnées, ainsi que les orphelins pensionnés par la caisse de prévoyance, seront admis gratuitement. Dès le mois de mai 1837, une première école de garçons, visée par ce règlement, avait été ouverte sous le nom d'Ecole Communale et Industrielle.

Les écoles de la Cropix-Menée, au Creusot

Bien qu'elle réponde à un véritable besoin, et qu'elle soit établie sur les bases les plus avantageuses pour les familles, la nouvelle institution ne semble pas appréciée pendant les premières années. En 184l, alors que la population de la ville dépasse 4000 âmes, l'Ecole Communale et Industrielle ne compte que 75 élèves. Toutefois, à partir de cette date, son essor est rapide.
En 1853, récole est fréquentée par 445 élèves. Le personnel enseignant, devenu insuffisant, est augmenté et comporte 11 instituteurs en 1856. L'accroissement considérable du nombre des élèves exige, à plusieurs reprises, la construction de nouveaux locaux et, ceux-ci ne pouvant être assez rapidement édifiés, les Établissements Schneider se voient dans l'obligation de subventionner temporairement trois écoles libres, ainsi que plusieurs écoles des localités voisines.
L'organisation de renseignement atteint son plein développement en 1873.
Pour les garçons, quatre Groupes d'écoles élémentaires, dits du Centre, de l'Ouest, du Sud et de l'Est, sont établis dans les quatre principaux quartiers de la ville. Au-dessus d'eux, pour l’enseignement primaire supérieur, le « Groupe Spécial » réunit, à la suite des épreuves d'un concours général, l'élite de leurs élèves. La contribution scolaire est entièrement supprimée et les Etablissements Schneider assurent seuls les frais de l'enseignement primaire au Creusot.
L'instruction des filles n'est pas l'objet d'une moindre sollicitude: elle est également à la charge exclusive des Établissements Schneider, qui, d'autre part, ont créé des asiles pour les plus jeunes enfants.
Un rapport d'ensemble, établi en 1878, constate que les asiles et écoles du Creusot instruisent 6107 enfants, dans 82 classes, et avec un personnel de 121 maîtres et maîtresses.
A la suite de la promulgation de la Loi du 28 mai 1882, sur l'enseignement obligatoire, la ville du Creusot doit ouvrir des Écoles Municipales proportionnées à sa population. Les Établissements Schneider renoncent alors à leur puissante organisation et s'en remettent aux pouvoirs publics pour la continuation de leur œuvre d'éducation primaire. Ils conservent toutefois, en le transformant, le Groupe Spécial avec ses meilleurs maîtres.
Mais le développement des usines et, par suite, de la population du Creusot, a bientôt rendu trop étroits les locaux scolaires. Le Groupe Spécial est obligé d'augmenter le nombre de ses classes. Par contre, la Ville ne construisant pas de nouvelles écoles, ses classes élémentaires deviennent trop chargées.
En présence de cette situation, et pour éviter de trop lourdes charges à la Ville, les Établissements Schneider fondent, en 189l, un nouveau Groupe Élémentaire, qui comprend bientôt trois écoles florissantes, et dont la population scolaire atteint actuellement environ 600 élèves.

Le Creusot - Groupe élémentaire Saint-Henri

Pendant de nombreuses années, les meilleurs élèves du Groupe Spécial se présentaient, à la fin de leurs études, au concours des Ecoles Nationales d'Arts et Métiers. En 1899, MM. Schneider, voulant leur permettre de pousser plus loin encore, sans quitter le Creusot, leur éducation technique, créent le « Cours Supérieur », dont quelques élèves vont ensuite dans les grandes Écoles scientifiques du Gouvernement (École Polytechnique, École Centrale des Arts et Manufactures, École des Mines), mais dont la plupart entrent directement comme ingénieurs dans les Usines.
En 1900, le cycle d'enseignement primaire et professionnel est complété par la création du Groupe Préparatoire, d'un niveau d'études moins élevé que celui du Groupe Spécial, mais plus élevé que celui du Groupe Élémentaire, et formant des élèves-ouvriers pour un certain nombre d'ateliers.
Enfin, désireux de donner des facilités d'enseignement à toutes les catégories de leur personnel et dans le but de permettre aux familles, qui destinent leurs enfants à certaines carrières libérales, de continuer l'éducation de ceux-ci, sans se séparer d'eux, MM. Schneider ont favorisé récemment la création du « Collège Sainte-Barbe », externat libre d'enseignement secondaire qui prépare au baccalauréat. Les enfants du Creusot et des environs y sont admis moyennant le paiement d'une rétribution scolaire peu élevée.
Pour l'instruction des filles, lorsque la loi de 1882 ne leur permit plus d'assurer seuls renseignement primaire au Creusot, MM. Schneider créèrent, dans chacun des trois principaux quartiers de la Ville, à côté des classes communales, une école libre, dirigée par les Sœurs de Saint Joseph de Cluny, avec l’aide d'auxiliaires laïques. Ces écoles, très prospères, furent fermées, en 1902, à la suite des mesures prises contre les congrégations religieuses.
Il se fonde alors, avec les encouragements et les subventions des Établissements Schneider, trois nouvelles écoles libres, dont la direction est confiée à des maîtresses laïques. Dans ces écoles, les enfants doivent verser une faible rétribution scolaire. Un Comité de dames de la ville et le Bureau de Secours de l’usine prennent à leur charge les rétributions des enfants de familles nécessiteuses. Ces écoles voient le nombre de leurs élèves s'accroître progressivement et obtiennent d'excellents résultats aux examens du certificat d'études, du brevet élémentaire et même du brevet supérieur.
U ne mention spéciale doit enfin être accordée aux asiles, créés ou subventionnés au Creusot par les Établissements Schneider; ils permettent aux mères de se décharger, pendant une partie de la journée, de la garde de leurs enfants et de vaquer ainsi plus librement aux occupations domestiques.


ORGANISATION ACTUELLE DES ÉCOLES SCHNEIDER


En 1912, les Ecoles Schneider comprennent, au Creusot, pour l'instruction des garçons et des jeunes gens:

  • Trois Groupes Élémentaires (13 classes). Le Groupe Préparatoire (4 classes).
  • Le Groupe Spécial (10 classes).
  • Le Cours Supérieur (3 années d'études).
  • Ces différentes écoles ont une population scolaire de plus de 1250 élèves.

Groupes Élémentaires (600 élèves). - Ces Groupes reçoivent, en premier lieu, les fils des ouvriers et employés des Établissements Schneider, ainsi que les fils des ouvriers et employés retraités et des veuves de membres du personnel. Ils admettent aussi, dans la limite des places disponibles, les autres enfants du Creusot et même des environs. En pratique, pendant ces dernières années, le nombre des demandes d'admission faites par le personnel de l'Usine fut tel qu'il fut rarement possible d'accepter des enfants étrangers à celui-ci.
Pour être admis, les enfants doivent avoir cinq ans et demi révolus, au moment de leur inscription, et moins de douze ans le 1er août de l'année en cours. A titre exceptionnel, et s'il reste des places vacantes, on peut prendre des enfants à partir de cinq ans.
Les programmes généraux d'enseignement sont les mêmes que dans les Ecoles Communales. Les cours sont répartis en 4 degrés ou années; toutes les classes d'un même degré sont de force équivalente.
L'un des Groupes, dit, des Équipages, ne comporte que 3 degrés.
Les deux autres, Groupe de la Croix-Menée et Groupe de Saint-Henri, ont les 4 degrés; ils préparent au Certificat d'études et surtout au concours d'entrée au Groupe Spécial.
A la fin de chaque année scolaire, tous les élèves subissent un examen et sont classés, dans chaque degré, d'après les résultats obtenus. Le passage d'un degré à un degré supérieur se fait exclusivement par voie de concours.
Au terme de leurs études, les élèves du 1er degré concourent de nouveau, et les premiers seuls sont présentés au concours pour le Groupe Spécial. L'admission au Groupe Spécial étant considérée, par les élèves et par leurs familles, comme une étape très importante pour leur avenir, ce concours provoque une vive émulation et contribue à relever sensiblement le niveau de l'enseignement élémentaire.


Groupe Préparatoire. - Le concours d'admission au Groupe Spécial, avec la limite d'âge qu'il comporte, fait, parmi les élèves des Groupes Élémentaires Schneider et des Écoles primaires communales, une forte sélection et ne retient que les sujets susceptibles de devenir des ouvriers d'élite, des employés et des ingénieurs.
Pour les enfants qui ne se présentent pas, ou qui ne sont pas reçus, au Groupe Spécial, mais que leurs parents destinent cependant à la vie industrielle, les Établissements Schneider ont créé le Groupe Préparatoire. C'est à la fois une école primaire et, malgré le jeune âge des élèves, une école d'enseignement professionnel. Les enfants y reçoivent, avec un complément d'enseignement général, une instruction résolument pratique et qui les oriente directement vers la vie de l'atelier.
L'admission au Groupe Préparatoire n'a pas lieu à la suite d'un concours, mais sur simple demande d'inscription des parents, et quelle que soit l'école fréquentée antérieurement par les enfants. Ceux-ci doivent seulement avoir au moins douze ans et deux mois au 1er octobre de l'année en cours. Un classement général les échelonne, à la rentrée, dans les quatre classes composant le Groupe.
La durée du séjour au Groupe Préparatoire est normalement de un ou deux ans. A quatorze ans révolus, les enfants peuvent être admis, comme élèves-ouvriers, dans les divers services de l'Usine. Ils choisissent leurs postes, d'après le rang de leur classement de sortie, et parmi les places laissées par les élèves du Groupe Spécial.
Le Groupe Préparatoire comptait, à la dernière rentrée, plus de 200 élèves.

Sommaire de la partie scientifique et pratique du programme du Groupe Preparatoire.

ARITHMETIQUE. - Les quatre opérations, système métrique, fractions, règle de trois, intérêt, escompte, rentes, partages proportionnels.
Problèmes pratiques.
GÉOMETRIE. - Les lignes, les angles; - les polygones et la circonférence, les aires ; - les volumes : surface latérale, surface totale et volume.
Problèmes pratiques.
GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE. - Projection et perspective cavalière du point, de la ligne, des surfaces et des volumes.
Perspective cavalière d'objets usuels.
DESSIN GRAPHIQUE. - Tracé des perpendiculaires, des parallèles ; construction des angles, des triangles, des parallélogrammes. Division de la circonférence, des arcs ; polygones inscrits et circonscrits; tracés des courbes usuelles.
Outils de traçage, leur emploi, croquis cotés d'objets usuels.
TRAVAIL MANUEL. - Découpage, construction de solides géométriques, travaux de carton. Pliage et découpage d'objets en papier.
PHYSIQUE. - Les trois états des corps. L'air, le baromètre, les pompes ; - dilatation des corps, le thermomètre ; - la lumière, l’éclairage ; - l'eau, le vent, la pluie, l'orage ; - la machine à vapeur.
CHIMIE. - La combustion, combustibles naturels et artificiels, gaz carbonique, oxyde de carbone, soufre, phosphore, chlorure de sodium. - Calcaires, chaux, plâtre. - Métaux, le fer, la fonte, l'acier.
HYGIÈNE. - L'homme, squelette, muscles, nerfs, peau ; - la digestion, les boissons, l'alcoolisme ; - la circulation, la respiration ; -hygiène se rapportant aux différents organes de l'homme.

Le Creusot - Le groupe spécial


Groupe Spécial (450 élèves). - L.'entrée du Groupe Spécial, comme celle du Groupe Préparatoire, n'est pas exclusivement, ou de préférence, réservée aux élèves des Groupes Élémentaires Schneider. Le concours d'admission est ouvert à tous les enfants du Creusot et des localités voisines, qui ont au moins onze ans le ler octobre et au plus treize ans le (1 août de l'année où ils se présentent. Une dispense d'un an peut toutefois être accordée aux enfants qui ont suivi, pendant deux années, la classe du premier degré des Groupes Élémentaires, s'ils sont parmi les 5 premiers de leur classe et s'ils arrivent dans les 20 premiers au concours d'admission.
Les statistiques montrent que les familles étrangères au personnel de l'Usine profitent, dans une large mesure, de la faculté qui leur est accordée d'envoyer leurs enfants au Groupe Spécial. Une fois d'ailleurs qu'ils y sont admis, ils bénéficient de la gratuité accordée par les Établissements Schneider, au même titre que les enfants du personnel.
A la fin de chaque année scolaire, les écoles communales du Creusot et des environs, comme les Groupes Élémentaires Schneider, présentent leurs meilleurs élèves au Groupe Spécial. Si cette concurrence donne lieu à une grande émulation, elle est loin de provoquer des rivalités entre les écoles officielles et les écoles libres, dont les rapports demeurent empreints de la plus réelle cordialité.
Les cours comportent quatre années d'études : Troisième, Deuxième, Première (1ère année), Première (2ème année), mais seuls les meilleurs élèves en parcourent le cycle complet. Le passage d'une classe dans la classe supérieure, où le nombre des places est beaucoup plus restreint, se fait uniquement par voie de concours. Pour faciliter les sélections successives, chaque degré d'enseignement comporte de plus une limite d'âge; il faut avoir, le 1er août, moins de quatorze, quinze ou seize ans révolus pour entrer (ou redoubler une année) en Deuxième, en Première (1ère année) et en Première (2ème année).
Pour les élèves de Troisième et de Deuxième, auxquels leur classement de fin d'année ne permet pas d'entrer en Deuxième et en Première et qui ne peuvent, à cause de leur âge, redoubler utilement leur classe, on a créé des cours, dits de Troisième supérieure et de Deuxième supérieure; ils y font une dernière année d'études, avec un programme plus spécialement développé au point de vue technique et professionnel.
Les deux cours de Première contiennent, l'un trente élèves, le second vingt-quatre. Les huit premiers de ceux-ci formeront la première division du Cours Supérieur.

Le Creusot - Le groupe spécial

Les programmes d'enseignement et les méthodes pédagogiques du Groupe Spécial ont toujours été étudiés avec le plus grand soin. Ce Groupe constitue, en fait, une École primaire supérieure, que l'on peut rapprocher des grandes Écoles Municipales de Paris. Tout en développant chez les élèves une culture générale sérieuse, on leur donne une instruction nettement professionnelle et les cours sont fréquemment remaniés, suivant les exigences croissantes de l'industrie. Une large place est faite aux études scientifiques pratiques, au dessin industriel (d'après le modèle), aux visites d'ateliers, dont chacune fait l'objet d'un rapport pratique, et aux langues vivantes.
La tâche des professeurs est d'ailleurs singulièrement facilitée par l'ardeur au travail des enfants, par leur esprit de discipline et par la sollicitude très vive, apportée par les familles à suivre et à encourager les progrès de leurs écoliers. Combien d'ouvriers n'hésitent pas, la journée de travail finie, à s'atteler de nouveau à la tâche avec leur fils pour le faire profiter de leur expérience, pour lui expliquer un dessin d'atelier, une opération métallurgique, le fonctionnement d'une machine, pratiquant ainsi avec ses maîtres une constante et fructueuse collaboration.
Tout élève sortant, dans les conditions normales, du Groupe Spécial, est assuré d'obtenir un poste dans les Établissements Schneider. Chaque année une liste des emplois vacants est publiée, et, dans l'ordre de leur classement, les jeunes gens choisissent la voie la plus conforme à leurs goûts et qui leur paraît la plus avantageuse.
Les élèves de Première (2ème année), qui n'entrent pas au Cours Supérieur, sont admis comme employés dans les services techniques ou commerciaux. Ceux de Première (1ére année), arrêtés par leur rang de classement, sont également pris comme employés, si les besoins des services le permettent, ou bien ils entrent dans les bureaux d'études comme calqueurs. Quant aux élèves de Deuxième supérieure et de Troisième supérieure, ils sont embauchés comme élèves-ouvriers, dans les diverses spécialités des fabrications de l'Usine. Les premiers élèves sortant de Deuxième supérieure sont généralement pris comme calqueurs.
Les statistiques des dernières promotions indiquent que, parmi les élèves sortant du Groupe Spécial, 7 % poursuivent leurs études au Cours Supérieur, 2l % deviennent employés et 58 % élèves-ouvriers; 14 % environ n'entrent pas aux Établissements Schneider.
Malgré la gratuité de l’enseignement et l'assurance, donnée par les Établissements Schneider, d'admettre dans leur personnel tout élève du Groupe Spécial, aucun engagement, même temporaire, n'est demandé ni aux enfants, ni à leur famille, à la suite du concours d'admission. Et, lors de leur sortie, les élèves restent absolument libres de ne pas entrer à l'Usine. En grande majorité, d'ailleurs, ils ne demandent qu'à bénéficier des avantages qui leur sont assurés.
Si la formation intellectuelle et morale, si l’enseignement professionnel sont les premiers buts poursuivis au Groupe Spécial, on ne néglige point pour cela de développer aussi chez les jeunes gens la culture physique et la préparation militaire.
Bien avant la réglementation officielle de la préparation militaire, par le décret du 7 novembre 1908, MM. Schneider s'étaient occupés de la question pour les élèves de leurs écoles. Actuellement le Groupe Spécial forme une Brigade Scolaire, à trois compagnies, possédant un drapeau et une musique. Chaque compagnie est divisée en sections, commandées par les plus anciens et les meilleurs élèves. La tenue réglementaire comporte, sur le costume ordinaire de récole, un ceinturon, un sac et un fusil.
Toutes les semaines, au cours d'une manœuvre de plusieurs heures, la Brigade Scolaire est entraînée aux exercices de gymnastique préparatoire, à la marche et au maniement d'armes, sous la direction d'un officier supérieur de réserve, du capitaine de la Brigade à Feu et d'anciens sous-officiers, recrutés parmi les sapeurs de cette Brigade.
En moyenne, les jeunes gens font partie de la Brigade Scolaire pendant trois années, entre douze et seize ans. Il suffit de les voir défiler dans les rues de la ville, dans leur attitude vraiment martiale, à une allure bien cadencée par le rythme des fifres et des tambours, pour comprendre à quel point ils sont déjà pénétrés de l'importance de cette première préparation à l'accomplissement de leurs devoirs envers la Patrie.

Le groupe spécial - Classe de première (2ème année)

Sommaire du programme du Groupe Spécial.

FRANÇAIS. - Grammaire, analyse logique et grammaticale, étymologie ; - grammaire historique et histoire de la littérature française. Analyse d'extraits des grands auteurs. Lecture expliquée et exercices de composition française.
HISTOIRE. - Notions très succinctes d'histoire ancienne. Histoire de France des origines à nos jours. Les questions importantes d'histoire générale.
GÉOGRAPHIE. - La France, physique, politique et économique. Les Colonies françaises. L'Europe. Géographie générale. Notions de Cosmographie.
ARITHMÉTIQUE. - (Troisième). - Arithmétique pratique et premières notions de théorie sur les 4 opérations, la divisibilité, les fractions, système métrique.
(Deuxième et Première, 1ère année). - Arithmétique théorique. TRIGONOMÉTRIE. - (Première, 2ème année). - Résolution des triangles rectangles et cas principaux des triangles quelconques. Applications.
ALGÈBRE. - (Troisième). - Pratique du calcul algébrique et de l'équation du premier degré à 1 et à 2 inconnues.
(Deuxième). - Théorie des 4 opérations. - Système d'équations du 1er degré. - Calcul des radicaux. - Pratique de l'équation du 2ème degré.
(Première, 1ère année). - Division des polynômes. Compléments et discussion de l'équation du 1er degré. -- Inégalités. Équation du 2ème degré, propriétés des racines. - Progressions. Logarithmes.
(Première, 2ème année). - Division des polynômes. Compléments. Analyse de problèmes littéraux du 1er degré. Équation du 2ème degré. Trinôme du 2ème degré. Maxima et minima. Représentation graphique des fonctions.
GEOMÉTRIE ÉLÉMENTAIRE. - (Troisième et Deuxième). - Étude élémentaire de la géométrie plane.
(Première, 1ère année). Étude élémentaire de la géométrie dans l'espace.
(Première, 2ème année). - Compléments.
GÉOMETRIE DESCRIPTIVE. - (Première, 1ère année). - Le point, la droite, le plan ; intersection des plans, d'une droite et d'un plan.
(Première, 2ème année). - Changements de plans, rotations, rabattements. Angles des droites et des plans. Projections des surfaces, des polyèdres. Sections planes des polyèdres.
MÉCANIQUE. - (Première, 1ère année). - Éléments de statique; les forces, les machines simples. Le mouvement uniforme. Notions sur le travail mécanique.
(Première, 2ème année). - Compléments de statique. Mouvements variés. Composition des mouvements. Transformation des mouvements, mécanismes. Mesure dynamique des forces. Puissance vive. Résistance passive.
PHYSIQUE. - (Troisième). - Pesanteur, statique des liquides. Densités. Chaleur (Partie).
(Deuxième). - Statique des gaz, vapeur, machine à vapeur, modes de chauffage.
(Première, 1ère année). - Calorimétrie. - Éléments d'optique. - Acoustique. - Électricité statique.
(Première, 2ème année). - Magnétisme. Électricité dynamique. Éléments d'électricité industrielle.
CHIMIE. -- (Troisième). - Eau, oxygène, azote, gaz ammoniac, chlore.
(Deuxième). - Soufre, carbone, silice. Généralités sur les métaux. Métaux alcalins et alcalino-terreux.
(Première, 1ère année). - Les métaux usuels. Premiers éléments de chimie organique. Les carbures d'hydrogène.
(Première, 2ème année). - Étude détaillée de la métallurgie du fer. - Éléments de chimie organique.
HISTOIRE NATURELLE. - (Troisième). - Anatomie de l'homme. (Deuxième). - Notions d'hygiène.
DESSIN INDUSTRIEL. - A tous les degrés, croquis cotés de pièces et reproduction à l'échelle.
DESSIN ARTISTIQUE. - A tous les degrés, perspective d'observation.
LANGUES VIVANTES. - Anglais ou Allemand, enseignés par la méthode directe.
ÉCRITURE. - (Troisième et Deuxième). - Anglaise, ronde et bâtarde.
Les classes de Troisième Supérieure et de Deuxième Supérieure reprennent et prolongent les cours de Troisième et de Deuxième en les orientant nettement du côté pratique et industriel. Un temps important est réservé aux croquis cotés et au dessin.

Le groupe spécial - Une classe de dessin

Cours Supérieur. - Le Cours Supérieur, dont les élèves sont recrutés parmi les meilleurs sujets du Groupe Spécial, comprend trois années d'études. Il est destiné à donner aux jeunes gens un enseignement scientifique et technique d'un niveau élevé, se rapprochant de celui de l'École Centrale des Arts et Manufactures. Les cours sont faits par des Ingénieurs des Établissements Schneider, sortant de l'École Polytechnique, de l'École Centrale, des Écoles des Mines de Paris, de Saint-Étienne et des Arts et Métiers, dont la compétence théorique est doublée par leur valeur comme spécialistes, dans les diverses branches de l'industrie métallurgique.
En dehors des projets ordinaires, et grâce au voisinage immédiat de l'Usine, les élèves sont progressivement initiés à l'agencement, au travail, à la vie complexe des ateliers qu'ils seront appelés à diriger un jour. Par les exercices de travail manuel, auxquels ils se livrent dans ces ateliers, ils acquièrent sans peine le sens des réalités pratiques.
A la sortie du Cours Supérieur, la plupart des jeunes gens entrent immédiatement dans les différents services des Établissements Schneider (Essais, Études, Fabrication, Service commercial, Comptabilité), toujours en choisissant leur poste par ordre de mérite. Quelques élèves poussent encore plus loin leurs études d'ingénieur, en se présentant dans les grandes Écoles scientifiques.
Dans le but de faciliter l'accès du Cours Supérieur aux fils de familles nécessiteuses, les Établissements Schneider ont créé l'institution des Prêts d'honneur. Tout élève, auquel son rang de sortie du Groupe Spécial permet de faire partie du Cours Supérieur, mais qui se trouve, à ce moment, dans l'obligation de subvenir, par son travail, à ses besoins ou à ceux de sa famille, peut être admis à bénéficier de cet avantage. Il entre au Cours Supérieur dans les mêmes conditions que ses camarades, et l'on verse à ses parents ou à son tuteur une somme mensuelle équivalente aux appointements qu'il aurait reçus s'il était passé, au sortir de la « Première »), en qualité d'employé dans les services de l'Usine.
Jusqu'à la fin de ses études, il ne lui est rien réclamé, ni à lui, ni à ses parents, pour les sommes ainsi avancées; il les restituera simplement dès que sa situation d'ingénieur le lui permettra. Dans des cas particulièrement intéressants, le bénéfice des Prêts d'honneur est étendu à certains élèves sortant du Cours Supérieur et reçus dans les Ecoles du Gouvernement.

Sommaire du programme du Cours Supérieur.

FRANÇAIS - (2° annee). - Conférences hebdomadaires, faites par les élèves sur des questions d'histoire, de littérature, de sciences usuelles. - Composition française. - Rapports industriels. - Lecture et analyse littéraire d'œuvres choisies (du XVIe siècle à nos jours).
MATHEMATIQUES ELÉMENTAIRES - (lère année). - Théorie des transversales, pôles et polaires, inversion, cercles tangents, géométrie sphérique. - Coniques, hélice et spirales, cycloïde. - Approximations numériques et opérations abrégées. - Arpentage et nivellement.
GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE - (1ère, 2ème et 3ème années). - Géométrie descriptive élémentaire, intersections de polyèdres. - Définitions et généralités sur les surfaces. - Cônes et cylindres (Plans tangents, contours apparents, intersection avec une droite, sections planes et développement de ces sections), intersection des cônes et des cylindres. Sphère (plans tangents). - Intersection d'une sphère avec un cône ou un cylindre.
Surfaces de révolution (plans tangents, contours apparents, sections planes). - Ellipsoïde, hyperboloïde de révolution, paraboloïde hyperbolique, surfaces hélicoïdales.
TRIGONOMÉTRIE - (1ère année). - Formules, tables, équations trigonométriques.
Résolution des triangles. - Problèmes pratiques de topographie.
ALGÈBRE - (1ère, 2ème et 3ème années). - Analyse combinatoire - Binôme de Newton ; séries. - Des fonctions en général. - Logarithmes. - Infiniment petits et infiniment grands ; dérivées. - Étude d'une fonction. - Primitives; fonctions primitives courantes. - Déterminants. - Imaginaires. -- Théorie des équations algébriques. - Différentielles. - Développements en séries. - Étude des formes indéterminées. - Maxima et minima. - Intégrales indéfinies; intégrales définies ; méthodes d'intégration ; intégrales doubles et triples ; séries entières; intégrations. -Applications géométriques. - Équations différentielles usuelles.
GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE - (1ère, 2ème et 3ème années). - Préliminaires, droite, considérations générales sur les courbes.
Courbes du 2nd degré (Centre, diamètres et axes, tangentes, normales, pôles et polaires). - Réduction de l'équation du 2nd degré à 2 variables. - Foyers et directrices, homothétie des coniques.
Étude des courbes en général: y = f(x) ; x = f(t), y = f(t) ; f(x.y)=0.
Géométrie analytique à 3 dimensions (quadriques).
MÉCANIQUE – (2ème et 3ème années). - Cinématique théorique : Mouvement absolu d'un point, mouvement d'un point au point de vue de sa trajectoire, mouvement des solides géométriques, les divers mouvements, composition des mouvements élémentaires.
Cinématique appliquée : transmission par contact immédiat (roues de friction, engrenages, cames et excentriques à cadre) ; transmission par lien rigide (bielles et manivelles, parallélogrammes, ponts, encliquetages) ; transmission par lien flexible (poulies et courroies, palans, treuils, pignons et chaînes) ; mouvements différentiels.
Compteurs et tachymètres.
Statique et dynamique (point matériel, systèmes matériels. - Résistances passives).
Résistance des matériaux. Statique graphique.
Hydrostatique, hydraulique (Moteurs hydrauliques).
THERMODYNAMIQUE - (3ème année).
PHYSIQUE - (1ère et 2ème années). - Généralités, systèmes de mesure, pesanteur, hydrostatique, statique des gaz. - Chaleur, dilatation, thermométrie, changements d'état, calorimétrie, optique géométrique, acoustique.
Électricité - Électrostatique, Magnétisme, Électrodynamique, Électrochimie, Rayons cathodiques, Rayons X. - Applications de l'Électricité: éclairage, télégraphie, téléphonie, télégraphie sans fil.
CHIMIE - (1ère, 2ème et 3ème années). - Généralités, métalloïdes, métaux, chimie organique (corps organiques employés dans l'industrie), chimie biologique.
TECHNOLOGIE - (1ère année). - Principes et généralités, assemblage des métaux, emploi du fer, de l'acier, de la fonte et du bronze.
Étude détaillée des principaux organes de machine~. - Du graissage des organes des machines. - Classification des machines.
CONSTRUCTIONS CIVILES (2ème année). - Notions élémentaires de géologie, matériaux de construction, mortiers et bétons, travaux préparatoires, terrassements, fondations, maçonnerie, charpente, couverture, menuiserie, vitrerie, plâtrerie, peinture, tenture, ventilation et chauffage.
CONSTRUCTIONS MECANIQUES - (2ème année). - Modelage. - Fonderie. - Forgeage. - Chaudronnerie. - Usinage.
MACHINES - (3ème année).-- Chaudières, sécheurs et surchauffeurs de vapeur, fumivorité, tirage, cheminées, alimentation des générateurs, appareils de contrôle et de sûreté. Calculs d'établissement.
Machines à vapeur. Fonctionnement, classification, travail théorique dans un cylindre, pertes, puissance, indicateurs, calcul des résultats d'essais. - Distribution, changement de marche, condensation, volants.
Turbines à vapeur.
Moteurs à gaz, moteurs à l air carburé. Moteurs à pétrole.
SIDERURGIE - (3ème année). - Combustibles, matériaux réfractaires - La fonte, hauts fourneaux et appareils accessoires. - Affinage de la fonte : le fer et l'acier. Puddlage, affinage pneumatique, acide et basique, affinage au four à réverbère. - Travail du fer et de l'acier, laminage et forgeage.
(Le cours est complété par des visites aux ateliers métallurgiques, sur lesquelles les élèves doivent rédiger des rapports).
ÉLECTRICITE: INDUSTRIELLE - (3ème année). -- Courant continu, dynamos génératrices et réceptrices.
Courant alternatif, alternateurs mono et polyphasés; moteurs synchrones et asynchrones.
Transformateurs. Groupes transformateurs et commutatrices.
Étude générale des stations et sous-stations de transport d'énergie.
DESSIN INDUSTRIEL – (1ère, 2ème et 3ème années). - Lettres et chiffres, ornements, architecture, charpente, construction métallique, organes de machines, engrenages, chaudières.
LANGUES VIVANTES. -- Anglais et allemand. --- Exercices de prononciation et de phonétique. -- Etude du vocabulaire. - Grammaire. - Littérature. - Langue commerciale et industrielle. - Conversation.

Le Creusot - La brigade scolaire

Ainsi que nous l'avons indiqué, l'enseignement des Écoles Schneider, à tous les degrés, est absolument gratuit. De plus, les fournitures scolaires sont mises à la disposition des élèves, aux conditions les plus avantageuses obtenues par les Etablissements Schneider ; des délais sont accordés pour leur paiement aux familles momentanément gênées. Le bureau de secours de l'Usine prend même entièrement à sa charge les dépenses scolaires des orphelins et des enfants dont les parents sont nécessiteux.
Au point de vue matériel, les classes sont confortablement aménagées et l'on peut, à ce sujet, signaler notamment le nouvel édifice construit, en 1908, près de l'Hôtel de Ville du Creusot, pour le Groupe Spécial. Chaque classe dispose, pour les démonstrations pratiques et les expériences, des collections et des instruments nécessaires.
Les prescriptions d'hygiène sont rigoureusement observées et les élèves sont surveillés avec soin. Une visite médicale est faite, chaque année, pour tous les élèves sans exception, par un des médecins des Établissements. Les observations (poids, taille, état de santé) sont consignées sur une fiche sanitaire, tenue à jour pour tout élève appartenant aux Ecoles Schneider, et sur laquelle sont notées les maladies que peut avoir l'enfant pendant les années de sa fréquentation scolaire. Les élèves ayant une mauvaise dentition sont examinés et soignés par un dentiste.
En dehors des cours de récréation spacieuses, annexées à chaque école, un vaste terrain de jeux est destiné à permettre, les jours de sortie, de joyeux et fortifiants ébats.
Des bibliothèques procurent aux élèves un complément d'aliment intellectuel et de saines distractions.
Soucieux de développer, dès l'enfance, de sages habitudes de prévoyance et d'économie, les Etablissements Schneider ont institué, en 1875, une Caisse d'épargne scolaire. Les élèves apportent à leur maître, une fois par mois, les petites sommes qu'ils ont pu amasser. Comme elles doivent provenir uniquement des économies personnelles des enfants, il n’est pas permis de dépasser un versement de 5 francs par mois. Ces sommes rapportent un intérêt de 5 %, jusqu'à concurrence d'un capital maximum de 500 francs. (En 1911, la Caisse d'épargne scolaire comprend 657 comptes, dont le montant total dépasse 58 000 francs.)
Lorsque l'élève titulaire d'un compte quitte récole, la somme lui appartenant peut être, sur sa demande, déposée en son nom à la Caisse des Retraites et former le premier fonds auquel viendront se joindre ses versements successifs et ceux des Établissements Schneider.
L'éducation morale des enfants est considérée comme une des parties les plus importantes de leur formation scolaire, et les maîtres doivent sans cesse s'appliquer à susciter et à développer en eux les notions de devoir, de loyauté, d'énergie, de responsabilité, d'initiative.
L'enseignement religieux est confié à des aumôniers et, s'il se trouve quelques élèves appartenant à des familles protestantes, ils reçoivent l'instruction religieuse du pasteur de l'église réformée en résidence au Creusot.
Les Établissements Schneider veillent particulièrement au choix des maîtres, qui relèvent hiérarchiquement d’un chef de service, chargé de la haute direction de toutes les écoles.
Ces maîtres, qui n'ont pas à redouter les aléas de changements de poste, et dont la fortune est liée à celle de la cité où ils peuvent poursuivre leur carrière, remplissent leur tâche éducatrice avec un grand dévouement. Pour leur instruction personnelle, ils assistent chaque mois à des conférences sur des sujets pédagogiques. Ces conférences sont suivies d'une discussion, au cours de laquelle chacun peut faire valoir ses idées et contribuer ainsi à l'amélioration des méthodes employées. Le service des écoles met à leur disposition les livres, revues et journaux dont ils peuvent avoir besoin.
Par le nombre de leurs élèves et la diversité de leurs programmes, les Écoles du Creusot forment le groupe le plus important de celles dirigées ou subventionnées par les Établissements Schneider, qui appliquent, dans les autres centres de leur production industrielle, des principes analogues, avec des modalités un peu différentes suivant les circonstances locales. En 1912, près de 4 500 enfants fréquentent l'ensemble de ces asiles, écoles de garçons, écoles de filles et écoles professionnelles, dont l'entretien exige des sacrifices s'élevant à environ 300 000 francs.

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